1 - L'antiaméricanisme, une donnée centrale de la vie culturelle et politique en France, mais qui reste minoritaire et réduite aux extrêmes
En partie extrait de Wikipédia
L'antiaméricanisme est un phénomène minoritaire en France : en effet seuls 15 % des Français déclarent en mai 2007 éprouver de l'antipathie à l'égard des États-Unis. Les autres se partagent entre sympathie (30 %) et indifférence (55 %). Un sondage réalisé par l'Institut français d'opinion publique en 2008 montre que l'hostilité envers les États-Unis est plus marquée chez les plus de 35 ans que chez les jeunes générations. Ainsi, à la question « Appréciez-vous beaucoup, assez, peu ou pas du tout les États-Unis d’Amérique ? », seul 58 % des sondés de plus de 35 ans expriment une opinion positive concernant les États-Unis, soit dix points de moins que les moins de 35 ans (68 % d'opinion positive) et quatre points de moins que la moyenne de l'ensemble d'opinion positive (62 %). Toujours selon cette étude, concernant l'image spontanée des États-Unis (la question
étant « Quand vous pensez aux États-Unis, quel est le premier mot qui vous vient spontanément à l’esprit ? »), les sondés se déclarant hostiles envers les États-Unis se réfèrent à des sujets ou des évènements politiques (guerre en Irak, le Président Bush, la Maison-Blanche) là où la majorité des sondés se réfèrent plutôt à la culture américaine (chanteurs, cinéma, séries, etc.). Toutefois, comme dans beaucoup de pays européens et occidentaux, la guerre d'Irak semble avoir grandement terni l'image des États-Unis auprès de l'opinion française, au moins sur le court et moyen terme : entre 2002 et 2003, l'image positive des États-Unis dans l'opinion française est passée de 63 à 31 %.
Mais selon les travaux de Philippe Roger (chercheur au CNRS), même s'il semble minoritaire, l'antiaméricanisme français serait un des plus virulents d'Europe occidentale, prenant racine dès le xviiie siècle.
« L'antiaméricanisme est une donnée centrale de la vieculturelle et politique en France, où il est plus vif qu'en tout autre pays d'Europe. Il y a là un paradoxe (puisque la France n'a jamais été en guerre avec les Etats-Unis) et une énigme (car la virulence des réactions antiaméricaines en France paraît sans rapport avec les frictions ou désaccords «réels»).
L'antiaméricanisme est très présent parmi les altermondialistes et frontistes français : le 9 mai 1994 des militants du Groupe union défense, une organisation d'extrêmedroite, avaient organisé une manifestation contre l'impérialisme américain, rassemblement qui avait pourtant été interdit par le préfet de police. On peut noter cependant que l'antiaméricanisme au sein du Rassemblement National a connu de nombreuses évolutions et altérations. Ainsi, dans les années 1980, Jean-Marie Le Pen exprimait une certaine sympathie pour le président américain de l'époque Ronald Reagan, appréciant sa critique de l'État-providence et son anticommunisme. Il assiste d'ailleurs à la convention du Parti républicain en 1984, alors que Reagan fait campagne pour sa réélection. De même, si Marine le Pen prônait explicitement une sortie de la France de l'OTAN en 2017 au nom de l'indépendance nationale, cette optique s'est progressivement effacée, et n'est plus explicitement réclamée par le Rassemblement National aujourd'hui.
L'élection de Donald Trump en 2016, saluée par Marine le Pen, a pu contribuer à ce changement de perception de la puissance américaine, perçue comme un potentiel allié idéologique et diplomatique par le parti et sa présidente.
En septembre 2021, la crise des sous-marins australiens ternit les relations entre les États-Unis et la France ; le « contrat du siècle » est annulé sans préavis et l'alliance AUKUS est dévoilée au terme d'échanges secrets ayant duré 18 mois. L'ambassadeur de France aux États-Unis est, pour la première fois, rappelé pour consultations.
2 - En France, l'antiaméricanisme structuré apparaît minoritaire et politique
Par PHILIPPE MECHET, DIRECTEUR GENERAL ADJOINT DE LA SOFRES Publié le 06 janvier 2002
Depuis 1991 et la chute de l'Union soviétique, les Etats-Unis apparaissent comme la puissance dominante de la planète, non seulement d'un point de vue économique et culturel, mais aussi militaire. Le débat sur la mondialisation et, plus récemment, la toute-puissance militaire américaine affirmée en Afghanistan ont relancé et amplifié la question du rôle et de la place des Etats-Unis dans le monde. Autant d'ingrédients susceptibles d'encourager et de revitaliser l'antiaméricanisme en France.
De fait, l'opposition aux Etats-Unis est de plus en plus apparente, relayée par des associations, personnalités et intellectuels qui dominent le débat et dénoncent une américanisation du monde trop faiblement combattue par un modèle alternatif européen d'organisation de la société et de l'économie. Alors que l'antiaméricanisme semble aujourd'hui gagner du terrain en France, il convient d'en prendre l'exacte mesure, d'identifier qui sont ces anti-Américains et quelles sont les raisons de leurs attitudes.
Afin d'éviter les effets conjoncturels liés aux événements du 11 septembre, nous avons préféré reprendre une vaste enquête réalisée en mai 2000 pour la French-American Foundation, qui permet decerner les différentes attitudes des Français face aux Etats-Unis. Nos compatriotes ressentent une relative sympathie (41 %) à l'égard del'Amérique même si le sentiment le plus répandu reste l'absence de sentiment fort (49 % n'ont ni sympathie ni antipathie) et seulement 9 % de l'antipathie. Alliés objectifs de nos voisins d'outre-Atlantique, les Français ne perçoivent pas la mondialisation comme un instrument de la puissance américaine, mais comme un phénomène qui profite à tous les pays développés au détriment des États les plus pauvres. Ils reconnaissent l'efficacité des Etats-Unis dans l'économie moderne, mais jugent la France plus performante sur les questions de protection sociale, d'éducation ou d'intégration des immigrés.