1 - Pourquoi Jean-Luc Mélenchon est-il aussi ambigu sur l'emploi
du terme génocide ?
Richard Flurin Le Figaro 6 et 7 avril 2024 Page 19
Q - Quelles sont les lignes de fracture de la gauche française sur le pseudo génocide à Gaza ?
Un débat à gauche fait rage sur l'emploi du terme génocide pour évoquer les bombardements de la population palestinienne. Raphaël Glucksmann s'y refuse (et) Jean-Luc Mélenchon l'accuse de « déshumaniser les Palestiniens » (Ce à quoi) L'entourage de l'eurodéputé PS rappelle : « qui déshumanise les Ukrainiens, les Ouïgours, les Syriens ? »
Q - Jean-Luc Mélenchon a t-il toujours dénoncé le bombardement des civils dans un conflit ?
En référence, notamment, à des propos de Jean-Luc Mélenchon sur les bombardements russes en Syrie qui ont causé la mort de 8000 civils : « vous connaissez une guerre où l'on bombarde et où les civils ne reçoivent pas de bombes ? ça n'existe pas » avait-il affirmé en octobre 2015 sur le plateau de Public Sénat.
Q - La France insoumisere connaît-elle le génocide des Ouïgours par la Chine ?
Le leader insoumis refuse de surcroît d'appeler le génocide le traitement de la minorité ouïgoure en Chine : « Quand vous êtes dans la sphère politique, s'il y a un génocide virgule alors on intervient
militairement pour l'arrêter » avait-il dit en janvier 2022. À l'époque il expliquait le refus de son groupe parlementaire de voter en faveur d'une résolution pour que la France reconnaisse le génocide des Ouïgours par la Chine. Le groupe insoumis était le seul à voter contre, justifiant son désaccord précisément pour l'emploi du terme « génocide ».
Q - Quel critères- principal Jean-Luc Mélenchon exige-t-il pour que l'on qualifie un génocide ?
« Vous faites des phrases et le résultat, c'est que vous abaissez ce qu'est un génocide. Le génocide, c'est le génocide des juifs : 6000000 de personnes assassinées de manière industrielle au seul fait qu'ils étaient juifs. C'est le massacre des Tutsis par les Hutus au Rwanda, c'est ce qu’il s'est passé en Serbie. À chaque fois, il y a eu une intervention militaire pour interrompre.
Q - La tête de liste Insoumise aux européennes, Manon Aubry a-t-elle eu raison de déclarer sur France Info que : « S’agissant des Ouïgours, le terme de génocide n'a jamais été utilisé
ni par les Nations Unies ni par les ONG » ?
La tête de liste Insoumise aux européennes, Manon Aubry déclare sur France Info : « S’agissant des Ouïgours, le terme de génocide n'a jamais été utilisé ni par les Nations Unies ni par les ONG » () Si, contrairement à ce qu'avance Manon Aubry plusieurs ONG qualifient bien l'extermination de la communauté ouïgour de génocide, il est vrai que l’ONU n'emploie pas l'expression.
Q - L’ONU a-t-il qualifié de génocide les massacres commis par Israël à Gaza ?
(Il est aussi vrai que) ni le Conseil de sécurité ni l'assemblée générale des Nations Unies n'ont qualifié de génocide les massacres commis par Israël à Gaza.
(Cependant) une décision de la Cour internationale de justice a enjoint à Israël en janvier de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l'incitation directe et publique à commettre le
génocide à l'encontre (…) des Palestiniens de la bande de Gaza. Le principal organe judiciaire de l'ONU ne statue pas, en revanche, sur la nature génocidaire des actes commis par Israël.
2 - Extraits de la chronique d'Eugénie Bastié « Peut-on être de gauche et conservateur ? Le Figaro, jeudi 7 mars 2024 (p15)
Q - Comment se positionne respectivement la droite de gauche et la gauche de droite par rapport à la notion de progrès ?
Typique de la droite de gauche : De Gaulle disait en1968 : « Le progrès, pas la pagaille »
Typique des conservateurs de gauche : « La justice,pas le progrès. »
Q - À quoi reconnaît-on un homme de gauche aujourd'hui ?
Michea : « Si j'écoute un homme de gauche aujourd'hui, on le reconnaît au fait qu'il ne peut pas faire 3 phrases sans utiliser le verbe discriminer ou stigmatiser, or je viens de lire les 8 tomes du Capital de Marx, je n'ai pas trouvé ces 2 mots une seulefois. »
Q - Que pense un conservateur de gauche du mariage et du passé ?
Proudhon loue l'institution du mariage et assimile même l'homosexualité au « viol ». « Nous aussi, Messieurs,nous avons le culte du passé » répond-il à Barrès
Q - Le capitalisme est-il de gauche ?
Michel Clouscard a bien montré comment le capitalisme de la séduction a exploité la libération du désir. Pasolini, en Italie, voyait avec désespoir la société de consommation engloutir l'Italie paysanne. Christopher Lasch et son analyse de la « Culture du narcissisme »
Q - La gauche peut-elle être conservatrice, voire réactionnaire ?
Si la gauche ne peut pas être réactionnaire, tempérament aristocratique allergique à tout souci d'égalité, non seulement elle peut, mais elle devrait être conservatrice, par souci de cohérence. D'abord parce que le capitalisme est fondamentalement révolutionnaire. Les traditions les coutumes, les usages, les corporations, les ordres sédimentés par le temps sont autant d'obstacles à son universel fluidité. Mai 68 a servi le marché tout comme le wokisme sert aujourd'hui les grandes multinationales. Ensuite, parce qu'il existe un tropisme conservateur des classes populaires superbement résumé par Napoléon III : « Surtout n'ayez pas peur du peuple, il est plus conservateur que vous. » Ce qu’Orwell appelait la « common decency ». S'enfermer dans le progressisme sociétal (notamment aujourd'hui la défense des minorités LGBT et raciales), c'est perdre de vue la lutte des classes et se mettre à dos les classes populaires menacées par l'insécurité culturelle. Résultat : les pauvres votent désormais à droite.
Q - Quelle ligne de fracture reste aujourd’hui essentielle entre la gauche progressiste et la droite conservatrice ?
De Marx et « l'armée de réserve du capital » à Guy Debord et ses « Notes sur la question des immigrés » en 1985 l’immigration constitue une ligne de fracture essentielle entre la gauche progressiste etla droite conservatrice.
3 - La leçon de l'histoire : La gauche ne se trompe (presque) jamais !
Extaits de l'article de Samuel Fitoussi dans Le Figaro du 26 février 2024
Q - Pourquoi est-il logique qu'aujourd'hui ce soit la gauche qui appelle à la régulation de la liberté d'expression (contre C News) ?
Reconnaissons une chose à la gauche : depuis un siècle, elle a toujours réussi à se placer du bon côté de l'histoire. Il est donc parfaitement légitime qu'aujourd'hui ce soit elle qui appelle à la
régulation de la liberté d'expression (contre C News), elle qui décerne les brevets de respectabilité morale et elle qui traite avec mépris ceux qui ne pensent pas comme elle.
Q - Comment la gauche s'est-elle positionnée par rapport à la famine en Ukraine des années 1930 ?
Ce n'est pas comme si, dans les années 1930 elle avait nié la réalité de la famine en Ukraine, empêché la vérité de paraître dans les médias occidentaux, notamment dans le New York Times (pour ne pas que l'événement » récupéré » puisse faire le jeu de l'anticommunisme ? ) privant 5 millions de victimes de l'espoir d'une aide internationale.
Q - Par qui pendant la Seconde Guerre mondiale, les deux principaux partis collaborationnistes, le PPF et le RNP furent-ils dirigés ?
Ce n'est pas comme si, pendant la Seconde Guerre mondiale, les deux principaux partis collaborationnistes, le PPF et le RNP, étaient dirigés par un ancien communiste (Jacques Doriot) et un ancien socialiste (Marcel Déat).
Q - En 1940, par quel % de ses parlementaires la gauche a-t-elle voté les pleins pouvoirs à Pétain ?
Ce n'est pas comme si, en 1940, la gauche avait voté à 75% les pleins pouvoirs à Pétain.
Q - Comment, pendant l'Occupation, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre se sont-is positionnés par rapport au régime de Vichy ?
Ce n'est pas comme si, Simone de Beauvoir ou Jean-Paul Sartre avait animé des émissions sur Radio Vichy. Ce n'est pas comme si, Sartre faisait jouer ses pièces en avant-première devant des officiers nazis.
Q Comment les deux chefs de la gauche française dans les années 1970 et 1980, Georges Marchais et François Mitterrand, se sont-is positionnés par rapport au régime de Vichy ?
Ce n'est pas comme si, les deux chefs de la gauche française dans les années 1970 et 1980, Georges Marchais et François Mitterrand, avaient l'un et l'autre eu une activité pour le moins ambiguë pendant l'Occupation, ni comme si le second était resté fidèle à son ami René Bousquet, (NDLR qui fut le secrétaire général de la police de Vichy de 1042 à fin 1043 et ) l'organisateur de la rafle du Vel d'Hiv.
(NDLR - Wikipedia : Marchais a travaillé dans les Usines Messerschmitt à Augsbourg, en Bavière, Allemagne et est affecté à la construction de l'avion chasseur Focke Wulf 190.
Sous le régime de Vichy, il travaille de janvier à avril 1942 à la Légion française des combattants et des volontaires de la révolution nationale (fédération des associations d'anciens combattants qui reprend la propagande pétainiste) en tant que contractuel, puis au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre. Il publie en décembre (no 5) un article, Pèlerinage en Thuringe, sur sa captivité dans le périodique doctrinal du régime France, revue de l'État nouveau, texte qui ne fait pas allusion à Pétain ou à la Révolution nationale, mais qui vaut à Mitterrand de voir son nom figurer à côté de celui du maréchal dans le sommaire.
À la même époque, il ne fait pas mystère de son profond respect pour le maréchal Pétain. Il écrit ainsi à sa sœur, le 13 mars 1942 : « J'ai vu le maréchal au théâtre […] il est magnifique d'allure, son visage est celui d'une statue de marbre. » Dans une lettre du 22 avril 1942, il avoue encore n'être pas particulièrement inquiet du retour aux affaires, intervenu quelques jours auparavant, de Pierre Laval qui doit selon lui faire ses preuves, mais il condamne la fonctionnarisation de la Légion française des combattants (LFC), lui préférant le modèle du Service d'ordre légionnaire (SOL), que vient de mettre en place Joseph Darnand. Mitterand reçu au printemps 1943 la décoration de l'ordre de la Francisque des mains du maréchal Pétain.)
Q - Comment Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre se sont-ils positionnés par rapport à la dictature sociétique ?
Ce n'est pas comme si, Sartre n'a pas du tout affirmé (en 1954 à Libération) qu'il régnait en URSS une « entière liberté de critique », ni déplorer (en 1956 dans L'Express) la publication du rapport Khrouchtchev documentant les crimes de Staline, ni déclaré en 1973 au magazine Actuel : « Un régime révolutionnaire doit se débarrasser d'un certain nombre d'individus qui le menacent, et je ne vois pas d'autres moyens que la mort. On peut toujours sortir d'une prison. »
Q - Comment Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et les autres se sont-ils positionnés par rapport à la dictature castriste ?
Fidel Castro, lui, n'a pas reçu la visite de dizaines d'intellectuels de gauche subjugués : ni celle de Sartre qui n'en tira donc pas 16 articles dithyrambiques pour France Soir, ni celle de Simone de Beauvoir qui ne ratifia pas les exécutions sommaires dès son retour à Paris, ni celle d’Agnès Varda qui ne réalisa pas un film de propagande dans lequel Castro est comparé à Gary Cooper.
Q - Comment la gauche française s'est-elle positionnée par rapport à la dictature maoïste ?
Ce n'est pas comme si, à l'époque où la jeunesse gauchiste ne jurait que par Le Petit Livre rouge, adulant un régime qui tuait des dizaines de millions d'innocents, la presse progressiste avait refusé de rendre compte du livre de Simon Leys qui mettait à jour la réalité du maoïsme. On s'en doute, Le Monde, quotidien de référence, défenseur de la précision de l'information face aux fake news, n'a pas écrit à son sujet : « ce témoignage est partiel et partial. Leys n’a manifestement pas l'expérience de ce dont il parle. » Ni Le Nouvel Observateur parler de « charlatanisme » ou de « totale ignorance du maoïsme ».
Q - Comment la gauche française s'est-elle positionnée par rapport à la dictature des kmers rouges ?
Ce n'est pas comme si, le jour de l'entrée des Khmers rouges à Phnom Penh, Libération avait titré « Le drapeau de la résistance flotte sur Phnom Penh », ni comme si, pendant plusieurs mois, alors qu'un génocide était en cours, le journal s'était employé à décrire une société idyllique : « Les images parlent d'elles-mêmes, y compris pour ceux que les déclarations officielles laissent sceptiques : les rizières verdoyantes et les ateliers ou tout genre en pleine activité ne sont pas en carton-pâte ; les rires et les chants des paysans bien nourris ne sont pas forcés. »
Q - Comment la gauche française s'est-elle positionnée par rapport aux guérillas marxistes-léninistes dans le monde ?
Et puis la gauche n'a jamais encensé le terrorisme des Brigades rouges en Italie ou celui de la Fraction armée rouge en Allemagne, jamais soutenu au Portugal le Mouvement des forces armées procommunistes contre le social-démocrate Mario Soares, jamais acclamé des guérillas marxistes-léninistes en Amérique du Sud (Tupamaros, Montoneros, guévariste)
Q - Comment la gauche française s'est-elle positionnée par rapport à la dictature islamique en Iran. ?
Enfin (Ce n'est pas comme si la gauche française) ne s'est pas enthousiasmée pour la révolution islamique en Iran. N'allons surtout pas imaginer que le 20 janvier 1979, L'Humanité, exultant, titrait « Iran, le peuple roi » et Libération « La folie à Téhéran », ni que Foucault et Sartre se répandaient en tribunes de soutien au régime islamique. On l'a bien compris : la gauche ne se trompe jamais. Son sentiment de supériorité morale est donc parfaitement
justifié.
3 - Extrait de la tribune de Rainer Zitelmann « De Sartre à Barbusse : ces penseurs de gauche qui font l’apologie de la violence » Des célèbres penseurs de gauche ont défendu l'indéfendable, au nom de l'anti-impérialisme et de l'anti-capitalisme.Publié par le magazine l’Express le 10/11/2023
Sartre et sa compagne Simone de Beauvoir, dont l'ouvrage féministe Le Deuxième sexe a fait d'elle l'intellectuelle la plus connue de France, étaient de fervents admirateurs de Mao Zedong et louaient la
"violence révolutionnaire". Hélas, il existe une sinistre tradition d'intellectuels de gauche qui justifient ou même célèbrent la violence "révolutionnaire" ou "anti-impérialiste".
Q - Comment Sartre s'est-il positionné par rapport à l'assassinat des 11 otages israéliens par l'organisation terroriste palestinienne "Septembre noir" lors des Jeux olympiques de Munich en 1972 ?
Le 5 septembre 1972, l'organisation terroriste palestinienne "Septembre noir" a pris en otage des athlètes qui participaient aux Jeux olympiques de Munich pour Israël ; les onze ont été tués. Jean-Paul Sartre, dramaturge, philosophe et principal représentant de l'existentialisme, est considéré comme la figure de proue des intellectuels français du XXe siècle. Dans un article intitulé "À propos de Munich", publié quelques semaines après l'attaque terroriste, il écrit : "Dans cette guerre, la seule arme des Palestiniens est le terrorisme. C'est une arme terrible mais les opprimés n'en ont pas d'autre, et les Français qui ont approuvé le terrorisme du FLN contre des Français doivent également approuver l'action terroriste des Palestiniens »