1 - « Le wokisme est en train de disparaître aux États-Unis : bon débarras ! »
Extrait de l'article du Figaro du 19 février 2024 - Interview de Sohrab Ahmari intellectuel américain conservateurs d'origine iranienne converti au catholicisme et qui défend un conservatisme non libéral et s'oppose à la toute-puissance du marché.
Q Dans votre dernier livre : Tyranny, Inc. vousdécrivez une nouvelle forme de tyrannie émergeant du secteur privé ()
Tel que le cas de la serveuse de restaurant obligé de choisir entre la garde d'emploi enfants et des horaires très irréguliers, des employés soumis à une surveillance numérique totale de la part de leur patron… Face à cette situation il appelle à restaurer le modèle d'économie politique du milieu du siècle.
Q Vous êtes un conservateur plutôt original, surtout aux États-Unis, puisque vous critiquez le marché et plaidez pour un « égalitarisme de conservateur ».
Je ne suis pas un égalitaire absolu (C'est pourquoi je ne suis ni progressiste ni de gauche). Les hiérarchies sont une caractéristique inévitable et permanente des affaires humaines. Dans le cadre classique et chrétien, cependant, les hiérarchies sont censées contribuer au bien commun de
l'ensemble, le supérieur étant au service de l'inférieur. Je soutiens que, dans les conditions industrielles modernes, la meilleure façon de s'en approcher consiste à utiliser les traditions de la démocratie sociale et chrétienne, qui visent à élever le pouvoir compensateur des travailleurs contre le capitalet la direction : à travers les syndicats, le système d'assurance sociale et une légère redistribution. Encore une fois, il ne s'agit pas d'un « socialisme total », mais il vise une plus grande égalité relative. Ce que trop de gens à droite et à gauche ne comprennent pas que ces projets - le New deal aux États-Unis ; la démocratie sociale et chrétienne en Europe - étaient fondamentalement conservateurs. Leurs protagonistes cherchaient à préserver la société des ravages du marché turbulent.
Q « Le wokisme est entrain de mourir » avez-vous écrit après l'attaque du 7 octobre. Pourquoi ?
Même avant le 7 octobre, il y avait des indices : des études montraient que l'utilisation de certains mots à la mode très chargés -comme « racisme structurel - était en déclin dans les grands journaux.Les sociétés de divertissement donnent de plus en plus le feu vert aux artistes et aux projets politiquement incorrects et demandent aux agitateurs d'aller se faire voir. Le New York Times a complètement ignoré une lettre de dizaines d'écrivains qui s'opposaient à sa couverture des questions trans parce qu'elle n'était pas suffisamment favorable. Je dirais que le réveil a ommencé en 2013 et a vraiment culminé en 2020-2021 et est depuis sur une pente descendante.
Cela a épuisé la population et inquiète les démocrates au pouvoir. Bon débarras.
Q Vous dites que l'anti Walkisme est lui aussi sur le déclin. Pourquoi ? Pensez-vous qu'on prête trop d'attention à la guerre culturelle, au détriment d'autres enjeux ?
Oui, une grande partie de la culture antiwoke dépendait dialectiquement de la culture woke.
Sans l'une, l'autre diminue aussi. La culture est importante, et nos différences culturelles sont réelles : souvent marquées par des différences de classes, qui à leur tour s'expriment en termes culturels dans
une interaction dynamique entre l'idéologie et la réalité matérielle. Mais la réduction de chaque problème en woke- antiwoke ne va rien réglé. La prochaine vague politique sera probablement une nouvelle vague de populisme - après la première, qui est apparue au milieu des années 2010 des deux côtés de l'Atlantique et, nous assisterons probablement à la détermination des élites à l'étouffer. La question est de savoir comment ces dernières choisissent de
combattre le populisme : tiendront-elles compte des doléances des électeurs populistes sur des questions comme le libre-échange, l'immigration, l'assimilation virgule etc. ? Ou bien continueront-elles à tenter de les délégitimer et à imposer des lois contre les dirigeants populistes ? Cette dernière voie est beaucoup plus dangereuse.
Q Trump est le leader incontesté des Républicains pour la prochaine élection présidentielle. Comment expliquez-vous son succès indéfectible ?
Il a énoncé des vérités interdites, que nous n'avions pas le droit de dire à droite. () Comme le fait que la guerre en Irak a été un désastre. Ou le fait que le libre-échange a décimé nos centres industriels. () Il rappelle la tradition Eisenhower- Nixon du Parti républicain, celle qui avait fait lapaix avec le New deal. Ce n'est pas un type reaganien radical. Il a promis de protéger les programmes d'assurance sociale. Il a contacté les syndicats. Il a même fait allusion au soutien à une opposition publique en matière de soins de santé. Mais, une fois au pouvoir, il n'a pas toujours gouverné dans ce sens. Trop souvent, il s'est rallié aux courants dominants républicain en matière de réduction d'impôts, etc. Cela montre l'appétit des Américains modestes pour une politique de sécurité sociale : encore une fois, de bons emplois syndiqués, une économie basée sur l'industrie manufacturière, moins de perturbations dans tous les sens du terme. ()
2 - Un avatar récent du wokisme en France
La psychanalyste Corinne Maier dans Mefirst fait un plaidoyer contre l'altruisme plein de déclamations débilitantes telles que : « L'enfant coûte cher, il est épouvantablement chronophage, il emprisonne les femmes dans des vies ennuyeuses et le jeu n'en vaut pas la chandelle »
Extrait de l'article du Figaro du vendredi 16 février 2024 page 17 « Le cercle des poètes disparus contre le déclin de l'école » par Laurence de Charette