Les États européens ont depuis 1945 profité de la puissance militaire américaine pour s'exonérer d'investir suffisamment dans leur défense

Ils sont donc malvenus de leur reprocher aujourd'hui de tirer quelques bénéfices du conflit ukrainien

· L'antiaméricanisme affaiblit l'Occident

Beaucoup d'États européens membres de l'OTAN, en particulier la France, se plaignent de la prépondérance américaine en matière militaire et de défense de l'Europe. Mais, tant qu'ils n’aligneront pas leurs dépenses militaires au niveau de celui des États-Unis, cette prépondérance subsistera.

A tous les contempteurs de l'hégémonie américaine et qui reprochent aux États-Unis de s’enrichir, aujourd'hui, sur le dos de l'Europe grâce au conflit ukrainien, il faut rappeler que depuis 1945 ce sont les États-Unis qui ont financé l'essentiel de la défense européenne et ainsi assuré la protection de notre continent face, en particulier, à l'URSS, aujourd'hui la Russie.
 

Extraits des rapports de l’OTAN :

La somme des PIB de tous les pays membres hors États-Unis est presque égale à la richesse des États-Unis. Or ces pays-là, ensemble, consacrent à la défense moitié moins que Washington. À quelques variations près, ce déséquilibre est une constante dans l’histoire de l’Alliance et il s’est accentué après les tragiques événements du 11 septembre 2001, suite auxquels les États-Unis ont sensiblement accru leurs dépenses de défense. Les sommes que les États-Unis affectent à la défense représentent environ les deux tiers des dépenses de défense de l'ensemble des pays de l’Alliance. Cela nesignifie pas pour autant que les États-Unis contribuent dans cette proportion aux dépenses occasionnées par le fonctionnement de l’OTAN, lesquelles sont partagées entre les Alliés selon le principe du financement commun. De plus, les dépenses de défense des États‑Unis couvrent aussi les engagements américains en dehors de la zone euro-atlantique. Il n’en reste pas moins que l’Alliance dépend des États-Unis pour l'obtention de certaines capacités essentielles, comme les moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, le ravitaillement en vol, la défense antimissile balistique, ou encore les moyens aériens de guerre électromagnétique.

 

Les retombées de la crise financière de 2007-2008 et la diminution, amorcée depuis la fin de la guerre froide, et poursuivie jusqu’en 2014, de la part des ressources affectée à la défense dans de nombreux pays membres de l’Alliance ont exacerbé ce déséquilibre et révélé des asymétries capacitaires croissantes entre Alliés européens. Ensemble, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni assument quelque 50 % des dépenses de défense exposées par les Alliés hors États-Unis.

 

En septembre 2014, au sommet du pays de Galles, les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’OTAN sont convenus, en réaction à l’annexion, illégale, de la Crimée par la Russie et aux troubles qui secouaient le Moyen-Orient, d’inverser la tendance au déclin que connaissaient les budgetsde défense, et ils ont pris les décisions suivantes :

- les Alliés qui respectaient alors la règle des 2 % concernant les dépenses de défense continueraient de le faire ;

- les Alliés dont la part du PIB consacrée à la défense était alors inférieure au niveau précité cesseraient toute diminution des dépenses de défense, chercheraient à augmenter ces dépenses en termes réels à mesure que croîtrait leur PIB et chercheraient à se rapprocher dans les dix années à venir des 2 % recommandés, en vue d’atteindre leurs objectifs capacitaires OTAN et de combler les
insuffisances capacitaires de l’OTAN.

Certes, la règle des 2 % ne garantit pas à elle seule que les fonds seront utilisés de la manière la plus efficace et la plus efficiente pour l’acquisition et le déploiement de capacités modernes, mais son respect signale la volonté politique de chacun des Alliés de consacrer à la défense un niveau de
ressources qui, sans être très élevé, soit significatif.

L'écart est important entre les Européens et les États-Unis dont l'effort de dépense exprimé en pourcentage du PIB est, entre 2014 et 2016, en moyenne deux fois et demi plus élevé que celui de leurs alliés européens de l'OTAN. Cette différence s'explique en partie par le rôle mondial des États-Unis et leur engagement dans les guerres d'Afghanistan et d’Irak. Les États-Unis continuent d'être à un niveau de dépenses militaires très supérieur à tous les grands pays industrialisés occidentaux ce qui entretient tout à la fois leur poids prépondérant au sein de l'Alliance et leur
demande que les Européens en fassent davantage pour leur sécurité.

En 2015, alors que les États-Unis représentent 45,9 % du PNB des membres de l'OTAN,
leur budget de la Défense compte pour 71,9 % du total de ses membres.

La tendance à la baisse s'inverse en 2016 en Europe : cette année-là, les dépenses de défense des pays européens de l'OTAN augmentent de 3,31 % en termes réels. Aux États-Unis, les budgets militaires repartent à la hausse avec l'arrivée de Donald Trump à laprésidence, qui met fin aux années de baisse voulues par Barack Obama. Ces évolutions récentes ne modifient pas substantiellement l'écart entre les États-Unis qui consacrent en 2019 à leur défense 730 milliards US$, contre 284 milliards US$ au total pour les pays d'Europe membres de l'OTAN, soit 2,5 fois plus.

Lors du sommet de 2014 au pays de Galles (et en réaction à l’annexion, illégale, de la Crimée par la Russie et aux troubles qui secouaient le Moyen-Orient), les 28 États membres de l'OTAN

- se sont engagés à consacrer au moins 2 % de leur PIB aux dépenses militaires à l'horizon 2024. En 2017, seuls la Grèce, l'Estonie, le Royaume-Uni, la Pologne et les États-Unis respectaient déjà cette règle. Les dépenses de défense des États-Unis représentent de manière constante depuis 2010 plus de 70 % des dépenses de défense des pays de l'OTAN : selon les données publiées par l'OTAN, le budget militaire des États-Unis s'élève en 2017 à 683 milliards de dollars, soit 72 % du budget total de défense des États membres. Ce déséquilibre leur donne un poids prépondérant dans les décisions et traduit la faiblesse de l'effort de défense des États européens et leurs hésitations à bâtir une défense européenne moins dépendante des États-Unis. En 2014, trois Alliés consacraient à la défense au moins 2 % de leur PIB. En 2022, ils étaient sept.

- ont décidé que les Alliés qui consacraient moins de 20 % de leurs dépenses de défense annuelles à l’acquisition d’équipements majeurs chercheraient, dans les dix années à venir, à porter cette part à 20 % ou plus. En 2022, 24 Alliés avaient atteint cet objectif, contre seulement 7 en 2014 ; et le nombre de pays membres qui avaient, en valeur réelle, investi davantage dans des équipements majeurs qu’en 2021 était aussi de 24.

Les estimations de l'OTAN de dépenses militaires en pourcentage du PIB des États membres sont pour
2023 :

- 3 pays dépassent les 3% : La Pologne 3,9%, les USA 3,49% et la Grèce 3,01%

- 8 pays dépasseront les 2% : L'Estonie 2,73% la Lituanie 2,54%, la Finlande 2,45% la Roumanie 2,44%, la Hongrie 2,43%, la Lettonie 2,27%, le Royaume-Uni 2,07%, la Slovaquie 2,03%.

- La France est le 12e membre de l'OTAN (sur 31, mais l'Islande n'a pas d'armée) et reste toujours en dessous de la barre des 2% (avec 1,90%).

- Les 18 autres pays, soit plus de la majorité des États membres de l'OTAN, restent encore en dessous du seuil des 2%. En particulier la première puissance économiquede l'Europe, l'Allemagne avec 1,57%.