Pourquoi Poutine poursuivra sa politique de conquête territoriale tant que l'Occident ne l'arrêtera pas ?
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I - Parce que Poutine partage et incarne les vieux démons russes et soviétiques`
1 - LA MENTALITE D'ASSIÉGÉ :
Un texte prémonitoire du XIX° siècle qui décrit déjà tout l'hubris russe et Poutine :
« Imaginons un être en bonne santé, robuste et pas méchant, le cas du peuple russe en général. Nous apprenons que cet être (peuple) est dans un triste état. (…) Nous découvrons alors qu'il n'est pas réellement fou mais que son esprit est gravement affecté par des idées fausses, qui l'amènent à la folie des grandeurs et à une hostilité envers tout et tout le monde. Indifférent à son propre intérêt et au mal qu'il peut causer, il invente des menaces inexistantes et établit sur celles-ci les thèses les plus absurdes. Il a l'impression que tous ses voisins l'outragent, qu'ils ne rendent pas suffisamment justice à sa grandeur et qu'ils cherchent par tous les moyens à le blesser. (…) Il s'imagine que ses voisins veulent miner sa maison et projettent même des attaques armées. Pour toutes ces raisons il passe énormément de temps à se procurer des fusils, des revolvers et de solides verrous. ». - Vladimir Soloviev, un des maïtres à penser de Poutine, Œuvres choisies, 1902-1905, vol. 5,p.430-431.)
2 - LA VALORISATION DE LA FORCE :
« Une très ancienne rengaine de la Russie : nous sommes assiégés, on nous menace. Et plus le pays s'étend, plus il se sent assiégé..." Georges Nivat
“Impossible n'est pas français. Inviolable n'est pas russe.” Georges-Armand Masson
La dureté est fondamentale pour les Russes qui soutiennent le pouvoir : ne pas se laisser ramollir par les Occidentaux, Américains,les Anglo-Saxons … () La Russie est hantée par le spectre du ramollissement. Georges Nivat (Revue des 2 mondes septembre 2022 p13)
“Les Russes sont pour le désarmement - celui de l'adversaire.” Guy Bedos
3 - LE MENSONGE
Depuis les villages Potemkine sous Catherine II, l'élaboration des faux Protocoles des Sages de Sion par la police secrète du tsar, l'Okhrana, la Russie s'est fait une spécialité du trucage.
"Aujourd"hui, et dans la plus pure tradition impérialiste, la Russie de Poutine a renoué avec un instrument privilégié de l’URSS : la pratique de l’inversion accusatoire. La dénonciation de l'impérialisme occidental fonctionne dans les anciens pays colonisés — tout en occultant l’invasion et les crimes en Ukraine." Céline Marangé
“La Russie remplit toujours ses obligations.” Vladimir Poutine / Interview Le Figaro, 2008 Obligations ? En tous les cas pas celles des emprunts russes !
4 - POUTINE INFLUENCÉ PAR SON NOM ?Lacan était persuadé que les individus se mettent en confirmité avec l'idée qu'il se font de leur nom. Or son patronyme qui signifie le chemin, la voie, Pout’ (Путь) en russe a pu convaincre Poutine de son destin messianique. D'autant plus qu'un de ses penseurs favoris, Berdiaev a dirigé dans les années 1925-1940 une revue intellectuelle, "organe de la pensée religieuse russe" en exil intitulée ... la Voie.
II - Parce que, sauf coup d'Etat, la société russe est fataliste
Pourquoi les Russes se résignent-ils à la dictature de Poutine ?
1 - Par l'influence sur leur caratère de 250 ans de soumission à la domination tatare
puis de 500 ans de soumission à des régimes autocratiques tsaristes puis soviétiques.
La Russie n'aura connu la démocratie que quelques mois en 1917 puis 8 ans sous la présidence de Boris Eltsine de 1991 à 1999.
2 - Par OBLOMOVISME
Le terme, imaginé par Ivan Gontcharov, fait référence à l’apathie légendaire d’Oblomov, le héros éponyme du roman qu’il a publié en 1859.
Ce roman décrit les maux dont souffre la société russe. L'omoblovisme est un état de d’apathie, et d’inertie qui se manifeste dans l’aversion du travail et de la prise de décision.
"Le héros, M. Elie Oblomoff, y reste tout le long du volume en toilette de nuit, dans sa chambre à coucher, allant tour à tour de son lit à son sofa. (...) le nom d’Oblomovisme a passé dans la langue pour désigner cette apathie qui vient du climat aussi bien que des institutions." - Philippe Gille , La bataille littéraire, Victor-Havard éditeur, 1889, page 98
"Le livre est resté comme le document le plus exact sur le caractère de la nation, —lequel tient au climat et aux mœurs tout autant qu'aux institutions, —et le mot d’
Oblomovisme est entré dans la langue pour désigner la paresse rêveuse et indécise, particulière au tempérament russe." - Charles Deulin, préface de l'édition française de 1877 du roman Oblomoff :Scènes de la vie russe, Librairie académique Didier et Cie, 1877, page xii
"Oblomovisme et Stakhanovisme ne sont que les deux faces de la même monnaie de singe." - Bob Black, L’abolition du travail
« Gontcharov, qui a su comprendre notre oblomoverie et nous la montrer, n'a pas su cependant ne pas payer son écot à l'égarement collectif qui jusqu'à ce jour règne si puissamment dans notre société. Il a décidé d'enterrer l'oblomoverie et de prononcer son oraison funèbre : « Adieu vieille Oblomovka ! Ton siècle est terminé ». Mais il ne dit pas la vérité. () Non, l'Oblomovka, c'est notre mère patrie, ses possesseurs sont nos instituteurs, ses trois cents Zakhar sont toujours prêts à nous servir. En chacun de nous il y a une bonne part d'Oblomov et il est trop tôt pour prononcer son oraison funèbre. »- Nikolaï Dobrolioubov, critique littéraire russe Qu'est-ce que l'oblomoverie ? (1859)
III - Parce que Poutine n'a jamais fait le deuil de l'Empire soviétique ni tsariste
1 - La Russie n'a jamais fait le procès du soviétisme.
Il n'y a pas encore eu un Nuremberg du bolchévisme.
Quelques semaines avant de lancer son offensive contre l'Ukraine, Poutine ordonnait la liquidation de Mémorial, centre d'archives sur le goulag à Moscou. "Nous n’avons jamais réellement fait l’inventaire de la répression à l’époque soviétique. Les archives sont restées ouvertes trop peu de temps, et aujourd’hui, les organisations comme Mémorial, qui réalisaient ce travail ont toutes été liquidées." - Alaxandra Baeva
2 - Poutine est un frustré qui a une revanche à prendreOfficier plutôt terne du KGB, principal service de renseignement de l'URSS, il est en poste à Dresde au moment de la chute du mur de Berlin et assiste au départ des troupes russes. Puis il devient l'un des plus proches conseillers du président Boris Eltsine qui fait de lui le directeur du Service fédéral de sécurité (ex-KGB) en 1998.
Dans son discours de juin 2021 où il annonce implicitement la guerre à venir, Poutine dit que Lénine est grandement fautif, car il a abandonné l'Ukraine lors de la paix de Brest-Litovsk avec l'Allemagne en mars 1918. (Revue des 2 mondesseptembre 2022 P14)
3 - Poutine regrette l'URSS
"La chute de l'URSS a été la plus grande catastrophe géopolitique du siècle dernier." Avril 2005, discours à la nation.« Vingt ans après la disparition officielle de l'Union soviétique, le 8 décembre 1991, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a ouvertement regretté hier que les autorités de l'époque c'est-à-dire notamment Mikhaïl Gorbatchev ne se soient pas suffisamment battues pour conserver « l'intégrité territoriale » de l'URSS. « Il aurait fallu constamment et courageusement, sans rester la tête dans le sable et le cul en l'air, lutter pour l'intégrité territoriale de notre Etat », a ajouté Poutine. » Article Le Parisien Le 16 décembre 2011
4 - "Alors que l'Alaska a été vendue en 1867 par la Russie aux États-Unis, un décret signé par Vladimir Poutine semble viser le retour de cet État sous pavillon russe. "Nous redonnerons l'Alaska à la Russie" dixit Vladimir Poutine. En effet, le Daily Mail rapportait quede jeunes cadets russes avaient chanté "Nous redonnerons l'Alaska à la Russie", tout en se disant prêts à mourir pour Vladimir Poutine, et son fantasme de Grande Russie et d'Empire renaissant.De plus, certains politiques russes appellent par exemple parfois à une annexion de l'Alaska, comme Sergueï Mironov, membre de la Douma et leader du parti "Russie juste", généralement aligné avec les vues internationales de Vladimir Poutine.Et comme l'a rapporté L'Obs en juillet 2022, un autre proche conseiller du président russe, Viatcheslav Volodine, a expliqué que son pays était en droit de réclamer l'Alaska aux États-Unis, en réponse aux sanctions prises après l'invasion de l'Ukraine.C'est dans ce contexte tendu que Vladimir Poutine a signé un décret qui pourrait déclarer nulle la vente de l'Alaska par la Russie aux États-Unis en 1867.Traduit, le décret stipule que la Russie récupère "les biens de la Fédération de Russie, de l'ancien Empire russe, de l'ex-URSS". La mention de "l'Empire russe" semble ne pouvoirparler que de l'Alaska, seul territoire ayant à cette époque, par transaction, quitté l'empire russe.Même s'il est très peu probable que la Russie envahisse l'Alaska dans les prochaines semaines, la signature de ce décret pourrait être vue comme une provocation de la part des États-Unis." Luka Lourel du Midi Libre Publié le 22/01/2024
IV - Parce que Poutine n'a pas de moralité
Quelques rappels pour les admirateurs des soi-disant valeurs morales du régime poutinien :
La brutalité et la vulgarité
- « Si vous êtes prêt à devenir leplus radical des extrémistes et à vous faire circoncire, je vous invite à Moscou. Je recommanderai que l'on fasse l'opération de telle manière que plus rien ne repousse.»Cette réplique virile et fameuse a été prononcée lors d'un Sommet européen en novembre 2002. Elle ne s'adresse pas aux terroristes ni à leurs soutiens, mais à un journaliste du quotidien Le Monde un peu trop curieux des méthodes employées par l'armée russe en Tchétchénie. L'interprète du Kremlin s'était bien gardé de la traduire, mais elle est parfaitement audible (et sous-titrée) dans cette vidéo citée dans un reportage du 20 heures de France 2. (Extrait de l’article rédigé par Miriam Palisson France Télévisions Publié le 30/11/2015)
- «Si vous êtes prêt à devenir le plus radical des extrémistes et à vous faire circoncire, je vous invite à Moscou. Je recommanderai que l'on fasse l'opération de telle manière que plus rien ne repousse.» Cette réplique virile et fameuse a été prononcée lors d'un Sommet européen en novembre 2002. Elle ne s'adresse pas aux terroristes ni à leurs soutiens, mais à un journaliste du quotidien Le Monde un peu trop curieux des méthodesemployées par l'armée russe en Tchétchénie. L'interprète du Kremlin s'était, bien gardé de la traduire, mais elle est parfaitement audible (et sous-titrée) dans cette vidéo citée dans un reportage du 20 heures de France 2.
- «Nous poursuivrons les terroristes partout (…). Si on les prend dans les toilettes, eh bien, excusez-moi, on les butera dans les chiottes», avait promis Vladimir Poutine en septembre 1999 (au lancement de la seconde guerre de Tchétchénie), lors d’une conférence de presse à Astana, la caiptale du Kazakhstan. Il était alors le Premier ministre de Boris Elstine et venait de lancer une «opération antiterroriste» plus connue comme «deuxième guerre de Tchétchénie». L'expression russe «мочить в сортире» signifie littéralement «faire tremper dans les chiottes») (Extraits de l’article rédigé par Miriam Palisson France Télévisions Publié le30/11/2015)
Le cynisme et les auto-satisfécits
- "Il a coulé." Septembre2000, interrogé par CNN sur les causes du naufrage du sous-marin Koursk, fleuron de la flotterusse, qui a fait 118 morts. "Effectivement, cette journaliste a été une critique acerbe du pouvoir russe. Mais (...) sa capacité d'influence sur la vie politique du pays, en Russie, était extrêmement insignifiante." Octobre 2006, après le meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa.
- "Bien sûr, je suis un pur et absolu démocrate. (...) Depuis la mort du mahatma Gandhi, je n'ai plus personne à qui parler." Interview, juin 2007.
- "Je n'ai jamais ressenti de dépendance au pouvoir. Pendant huit ans, j'ai ramé comme un esclave sur une galère, jour et nuit. Je suis content de mon travail." Février 2008, à l'issue de son deuxième mandat à la présidence russe.
Le refus du pardon
- "Comment va-t-il vivre le reste de sa vie, comment va-t-il regarder ses enfants dans les yeux, ce porc ?" Poutine en décembre 2010, au sujet d'un officier du renseignement russe qui a livré des agents aux États-Unis.
- Vladimir Poutine, interrogé par un journaliste au Kremlin en 2018, se confiait comme rarement. "Est-ce que vous savez pardonner ?", lui demande alors le reporter. "Oui, mais pas tout", glissait le maître du Kremlin, en souriant. "Qu'est-ce qui est impossible à pardonner pour vous ?", poursuit l'intervieweur (Darius Rochebin). Et Poutine de couper net : "La trahison". Poutine prouve régulièrement son credo par les assassinats qu’il commandite, en particulier celui d’Evguéni Prigojine.
- L'entourage de Poutine est d'ailleurs sur la même longueur d'ondes : « Il n'y a pas plus grand partisan du culte actuel de la Victoire (de 1945) que le patriarche Cyril qui, (par ailleurs) a dit qu'il ne fallait pas pardonner le jour du dimanche du Pardon (-) sous prétexte que nous ne sommes pas là pour pardonner mais pour traîner devant le tribunal, et que c'est le Seigneur qui pardonnera. D'ailleurs 300 prêtres demandent la convocation d'un concile panorthodoxe pour le démettre, car ils le considèrent comme un hérétique qui a remplacé l'adoration du Christ par celle de la force .. » Georges Nivat (Revue des 2 mondes septembre 2022 P12)
Le non respect systématique de ses engagements ou le double jeu
Certes, avant Poutine la Russie a souvent lâché ses alliés comme en 1918 (Traité de Brest-Litovsk avec. l'Allemagne).
Comme avec le lâchage des républicains espagnols. En 1937, en pleine guerre contre les forces franquistes, le Parti communiste espagnol, fort de l’appui soviétique, attaquait d’autres composantes de gauche – la CNT anarco-syndicaliste et le POUM léniniste antistalinien. Une offensive signa l’amorce du démantèlement des collectivités libertaires de Catalogne et d’Aragon. En violation du droit des gens les autorités soviétiques ne laissèrent pas sortir d'URSS les pilotes espagnols qui se trouvaint en formation en URRS quand la guerre civile d'Espagne prit fin. De plus les 2000 enfants qui ont été envoyés en URSS, appelés "los niños de Rusia", et la plupart des 6000 adultes durent attendre vingt ans pour fouler à nouveau la terre de leur enfance.
La signature du pacte Ribbentrop-Molotov en 1940, sans être à proprement parler un non respect d'engagement est pour le moins un revirement surprenant traduisant un certain machiavélisme (surtout avec la clause secrète de dépouillement de la Pologne).
Les accords ne valent rien pour Poutine ; seul comptent les rapports de force. Son invasion de l’Ukraine trahit les trois traités signés par la Russie avec l'Ukraine depuis 1991 : les accords de Bielovièje, ceux de Budapest où l'Ukraine renonçait à l'armement atomique contre la garantie explicite de ses frontières. Et ceux de Minsk.
Malgré le cessez-le-feu signé le 16 août 2008, et les assurances donné au président Nicolas Sarkozy, les forces russes n’évacuent par le territoire géorgien dans les jours qui suivent, contrairement aux accords. Surtout, la Russie reconnaît, le 26 août, l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l'Abkhazie....
Poutine a tahi l'Arménie en septembre 2023 : le président du Conseil européen a condamné les forces russes de maintien de la paix, présentes dans le Haut-Karabakh depuis un accord de paix négocié par Moscou en 2020, pour s'être tenues à l'écart lorsque Bakou a lancé son action militaire.