SNCF : la grève de la honte
Extrait de l'article du Figaro du 16 février 2024 d'Agnès Verdier- Molinié, directrice de l’IFRAP
(Bien que ) l'État au sens large ait encore versé plus de 20 milliards de subventions l'an dernier à la SNCF, l'histoire se répète. Les 24 et 25 décembre 2022, 200000 voyageurs avaient été privés de train car les contrôleurs demandaient l'augmentation de leur prime de travail. Cette prime avait été augmentée de 60€ bruts par mois et les contrôleurs avaient obtenu, en plus un accord sur la cessation progressive d'activité afin de partir plus tôt à la retraite (ouvert à 57 ans pour les générations avant 1973, 59 ans et 5 mois en moyenne effective) et une augmentation de salaire automatique tous les 4 ans.
(Aujourd'hui) les contrôleurs SNCF demandent une augmentation de 150 à 200€ brut par mois de leur salaire et sa prise en compte dans le calcul de leur retraite. () Pourtant, () les contrôleurs SNCF ont été augmentés de 20% en moyenne sur les 3 dernières années. Et les salaires sont déjà généreux () ainsi que les pensions bien plus élevées que la moyenne des pensions du secteur public. Le salaire avec prime d'un contrôleur en début de carrière est de 2900€ brut et de 4400€ bruts en fin de carrière. Des rémunérations et des pensions élevées aussi par rapport à l'étranger. Ainsi en Italie, d'après TF1 le salaire d'un contrôleur de train oscille entre 1560€ et 2400€ brut par mois.
Notons surtout qu'une telle situation de blocage est impossible en Italie où le droit de grève dans les services publics essentiels est encadré depuis 2000 et où les transports doivent garantir un service complet de 6h par jour (et notamment sur les heures de pointe), un service de desserte des banlieues, des liaisons longues distances et un service pendant les vacances scolaires, les périodes d'élections et les fêtes (Noël, Pâques etc.) Nous devrions en prendre de la graine.
Le groupe centriste du Sénat vient de déposer une proposition de loi pour instaurer des périodes de 15 jours minimum (dans un seuil de 60 jours par an) où le gouvernement pourrait interdire les grèves dans les services publics et les transports afin d'éviter les situations de blocage pendant les vacances scolaires … ou les jeux olympiques par exemple. Une loi qui permettrait notamment de mettre fin au chantage des grèves de Noël. Depuis 2002, 14 mois de décembre on connut des grèves SNCF …
Il est urgent de rationaliser le droit de grève dans lesservices et transports publics. () Étrangement il n'existe pas de données publiques sur les journées de grève, ni pour la fonction publique territoriale,
ni pour la fonction publique hospitalière. () Et pourtant en 2019, l'État, la RATP et la SNCF se sont partagés 45% des jours de grève du pays.
Une surreprésentation du service public et des transports rendue possible par un détournement presque systématique des règles et un recours abusif des préavis de grève illimitée. Ce type de préavis permet, pour les adhérents du syndicat qui les a déposés, de se mettre en grève quand ils le
souhaitent et contournent ainsi l'obligation de présenter un préavis 5 jours avant toute grève, ce qui rend complètement caduque la loi de 2107 sur leservice minimum. Nous sommes en permanence à la merci de la prochaine grève.
Un chantage aux jeux olympiques est en cours de préparation chez nos cheminots maison que ce soit à la SNCF ou à la RATP. Comment expliquer autrement le choix de la CGT- RATP de déposer un préavis de grève courant du 5 février au 9 septembre, soit le lendemain de la cérémonie de
clôture des jeux paralympiques ?
Pourtant, les mesures exceptionnelles ont déjà été actées pour la période des Jeux pour le personnel du secteur. On évoque le rachat des RTT majoré de 25 à 40% pour la période et une indemnité de 50€ bruts versés aux agents de la SNCF actifs « par jour d'épreuves olympiques ». Sur 19
jours de JO cela représente environ 570€ net. À cela devrait s'ajouter une indemnité journalière de garde d'enfants, le renforcement du comité d'entreprise ou encore une indemnité de logement.